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Comme un Bouddha

Le Bouddhisme est un ennemi de la liberté de pensée et de choix individuel. C'est pour combattre les idées qui le présentent comme une philosophie de vie sentimentale que j'ai repris, en partie, l'article intitulé " Bouddhisme : de la soumission à l'oppression " paru dans le Hors série du Monde Libertaire du 21 décembre 2000. Ce nouvel article devait être publié dans un fanzine anarko-punk du collectif ACRATOS[1] durant l'hiver 2005 mais ce dernier n'a jamais vu le jour.

De Bouddha au Bouddhisme. Certains prétendent que le Bouddhisme n'a pas de Dieu, qu'il s'agit d'une religion athée. Pourtant, le Lama serait d'origine divine et Bouddha une divinité. Or, l'athéisme rejette catégoriquement toute idée de Dieu ou de divinité. Le Bouddhisme est bien une religion autoritaire comme les autres, fondée sur l'enseignement de Bouddha. Dans sa jeunesse, Bouddha aurait pris conscience de la précarité de la condition humaine pour en tirer " les Quatre Nobles Vérités " : 1°. Tout est souffrance ; 2°. La souffrance est crée par le désir ; 3°. On peut y mettre fin, c'est le nirvana ; 4°. La voie qui y mène s'appelle l'Octuple chemin. Il s'agit de fuir le plaisir et de ne plus avoir d'envies. Bref, c'est l'acceptation du monde tel qu'il est et la soumission de l'individu au destin et à la parole divine de Bouddha qui est " la pensée juste - l'action juste ". Par ailleurs, le Bouddhisme se fonde aussi sur le principe de la réincarnation. En effet, à la mort d'une personne, seul le Karma reste. Il s'agit d'un potentiel chargé positivement ou négativement suivant son vécu. Et, si vous avez mal agi dans la vie antérieure, votre Karma est chargé négativement. Il s'agit d'une juste punition et on se doit de l'accepter sous peine de charger encore son Karma négativement. De la sorte, le peuple accepte l'inacceptable.

Des pratiques arbitraires. Malgré ce que disent les bouddhistes, à savoir que leur religion n'implique pas de contraintes et qu'il s'agit même d'un art de vivre, un développement de la personne, il y a bien en pratique des lois arbitraires et dures à suivre comme dans toute religion. Il y a bien des dogmes bafouant la liberté de pensée et de choix de vie. Sous le poids d'un clergé hiérarchisé, le moine étant le maître (Lama signifiant " celui qui se tient plus haut, celui qui domine "), l'adepte doit recevoir l'enseignement du gourou sans broncher. Dans son livre Le Bouddhisme tantrique du Tibet, John Blofeld propose de présenter la doctrine du Bouddhisme tibétain. L'auteur dit clairement que pour être bouddhiste, il faut d'abord détruire son ego, c'est-à-dire sa personnalité. Comment ? L'adepte doit trouver un maître gourou. " Après l'adepte doit être d'une obéissance absolue. Il ne doit pas se permettre de contester les actes de son Lama, ni nourrir de doute de leur opportunité. A moins qu'il ne demande à être relevé de son engagement de disciple, il doit honorer le Lama comme il honorerait le Bouddha lui-même. L'adepte a une autre raison d'honorer son Lama plus que tous les hommes : le Lama a reçu son héritage de sagesse d'une lignée de gourous qui remontent au Bouddha. ". De plus, le Lama peut faire des miracles. Voilà une belle façon de maintenir un peuple apeuré et ignorant, afin de le soumettre au pouvoir des Lamas. Il est clair que nous ne soutenons pas l'envahisseur chinois, mais nous ne sommes pas non plus ébahis par la réalité du Tibet d'avant l'invasion. C'était un pays qui vivait dans la terreur des Lamas et du Dalaï-lama. Ce dernier était un véritable roi, il régissait le pays et avait droit de vie et de mort sur ses sujets. Les moines étaient la caste privilégiée du système. Ils se faisaient entretenir par les paysans. Les moines représentaient 20% de la population et le peuple devait leur donner un tiers des récoltes. Le peuple était sciemment laissé dans la misère économique, sociale et culturelle par les moines, afin de mieux les soumettre. Rien à voir avec la philosophie où l'Homme réfléchit sur le sens de la vie et de l'humanité. Il s'agit bien d'une religion dont l'un des premiers buts est de nier la notion du plaisir et de la réalité du corps.

Pour en finir avec la propagande bouddhiste. Quel que soit le courant de pensée, le Bouddhisme se résume fatalement à une envie absolue de dominer la société, d'avoir le pouvoir ou d'en être son complice, par la corruption, voire la guerre. Il est l'un des piliers de l'autoritarisme et exerce si nécessaire la violence. Enfin, sous couvert de morale religieuse, le bouddhisme se fait le chantre du sexisme.
_ Ainsi, les femmes seraient perverses car elles provoqueraient les désirs, sources de malheur : " De même qu'un vase décoré rempli d'ordures peut plaire aux idiots. De même, l'ignorant, l'insensé et le mondain désirent les femmes ". Par ailleurs, en Thaïlande, les moines bouddhistes s'opposent fermement à l'IVG et à la contraception, déclarés acte négatif dans la théorie du Karma. Il n'y a pas d'ordination de femme au nom de " bonzesse ". Enfin, dans les monastères, le vœu de chasteté et le tabou sexuel produisent toujours les mêmes effets : les violences sexuelles ou des pratiques sexuelles pratiquées en secret.
- Pour avoir un bon Karma, il y a des moyens faciles quand on est fortuné. Faites des dons, des offrandes aux moines et vous vous approcherez du nirvana. Ainsi, en Thaïlande, le pouvoir dictatorial s'appuie sur le clergé bouddhiste. Les hauts dirigeants bouddhistes constituent une gérontocratie achetée par le pouvoir grâce à des dons très généreux. Pour les laïcs, les dons en argent aux religieux représentent de plus en plus un investissement. Ils se posent en bailleur de fonds de la pagode qui espère se voir récompenser par de gros bénéfices sur les opérations financières. Quant aux personnalités politiques, elles se servent des moines pour se faire réélire et donc avoir accès aux crédits budgétaires.
- Le Bouddhisme n'a pas connu une grande expansion à travers le monde et n'est pas majoritaire dans beaucoup de pays (5,8% d'adeptes au Népal par exemple). Ceci peut expliquer, en partie, le fait que le bouddhisme ne soit pas, d'après ses promoteurs, une religion expansionniste et intolérante. Cependant, quant le Bouddhisme est très majoritaire dans un pays, comme en Thaïlande (95% de la population) ou au Tibet (65%), il montre un autre visage. Au Sri Lanka (à 70% bouddhiste), beaucoup de moines partent en guerre contre les religions minoritaires du pays (hindoue et chrétienne). Précisons qu'au Sri Lanka, il y a un courant séparatiste armé : les Tigres Tamouls hindouistes. Depuis plusieurs années, le pays vit dans la guerre civile. Actuellement, seul le Bouddhisme est reconnu religion d'Etat, et il entend bien profiter de son statut pour nier les autres confessions. A chaque tentative de médiation entre l'Etat et les Tamouls, les représentants bouddhistes manifestent bruyamment contre ce qu'ils appellent " des compromis avec des terroristes ". Pour eux, il n'y a qu'une seule solution : "l'Etat doit écraser les terroristes Tamouls ". Enfin, en Corée, le temple bouddhiste Chogye-Sa à Séoul est occupé par une faction opposée à la réélection de son administrateur général en titre. Aussi, les deux factions se sont expliquées à coups de bouteilles, de pierres, de battes de base-ball. Il a fallu l'intervention de 4000 policiers anti-émeute afin de séparer ces moines.
- Enfin, en ce qui concerne le militarisme enjoué, le cas du bouddhisme japonais est exemplaire. La religion est souvent l'alliée du patriotisme, du nationalisme et du militarisme. Ainsi, au Japon entre 1894 et 1945, le Bouddhisme fut un soutien inconditionnel de la politique expansionniste et nationaliste de l'Empire. Les leaders bouddhistes n'étaient pas seulement des complices muets du pouvoir impérial, ils s'étaient mués en idéologues du nationalisme en encourageant et légitimant la guerre au nom du Bouddhisme. En 1943, le moine zen Hakuun pouvait donc écrire : " il est nécessaire de déjouer complètement la propagande et la stratégie des juifs. Nous devons montrer la fausseté de leurs idées perverses de liberté et d'égalité ". Le moine Suzuki a aussi écrit : " le zen est une religion de la volonté et la volonté est ce qu'il faut aux guerriers. Le zen est une religion qui s'affirme et il s'avère être une force destructrice. Les Chinois sont des païens insoumis que le Japon doit punir au nom de la religion ". Or, l'armée japonaise s'est particulièrement distinguée par son fanatisme et par sa violence envers les vaincus : les Japonais ont tué 10 millions de civils chinois. Et, jusqu'au bout les moines défendirent l'Empire et les exactions de l'armée. Shimakage : " le Bouddhisme ne fait seulement qu'approuver les guerres qui s'accordent à ses valeurs, il les appuie vigoureusement au point d'être un militariste enthousiaste ". Enfin, le moine Arai Se Kizen a pu déclarer : " le Bouddhisme ne s'oppose pas absolument à la guerre. Le Japon aime la paix de sorte que même s'il entre en guerre, c'est toujours une guerre de paix ".

A. Berkman

[1] ACRATOS est un collectif " anarkosituationnopunk " informel qui sévit dans la région PACA depuis quelques années. Son objectif est de faire connaître et de propager les idées libertaires à travers une contre culture punk très personnelle. Des concerts sont organisés, des groupes locaux sont soutenus, des CD sont produits, une émission de radio a peu vécu, des brochures et des fanzines sont édités… Voici le contact : cafardsauvage@voila.fr

 

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