Petit panorama du mode de fonctionnement
de l'entreprise première sur le
marché de la Basket et du survet', bref du sportwear..
Toujours aussi à la mode, toujours autant prisée
mais aux pratiques déjà si bien connues et si peu
prêtes de changer. Rappel des faits pour essayer d'en convaincre
plus d'un de consommer plus intelligent et éthique donc...
Michael Jordan, Cathy Freeman, Ronaldo
et combien d'autres.. Les plus grands athlètes de notre
temps ne cessent de nous vanter les mérites de la célèbre
firme de Portland, USA, identifiable entre toutes par sa fameuse
virgule... Pourtant, c'est en Asie que la célèbre
firme réalise 99 % de sa production grâce a des ouvriers
indonésiens, thaïlandais ou chinois trimant jusqu'à
12 heures par jour pour un salaire mensuel ne dépassant
pas les 50€...
Le mode de fonctionnement est on
ne peut mieux rodé puisque l'entreprise américaine
ne délivre des licences Nike qu'à ceux qui ont une
bonne productivité, qui respectent la qualité exigée
et qui ne se mettent pas en grève. Cette licence étant
révisée tous les mois, il n'y a aucun droit à
l'erreur. Ce qui explique la faible part de la main d'uvre
dans les coûts de fabrication (moins de 1 % du prix de vente
d'une chaussure en 1998) et, en même temps, la situation
des travailleurs asiatiques exploités qui les fabriquent
Ainsi, le 22 avril 2000, 10 000
travailleuses et travailleurs indonésiens sont descendus
dans la rue en signe de protestation contre le nouveau salaire-horaire
minimum de 2,46 $ US par jour. Le 28 avril, le porte-parole de
Nike fit la déclaration suivante : "L'Indonésie
est peut-être en train de se rapprocher du seuil où
les prix exigés vont l'éliminer du marché".
Pourtant, ce genre d'argumentaires ne saurait apparemment dissuader
les consommateurs les plus fidèles de la firme, floués
par l'impact médiatique des sportifs et artistes ventant
les mérites de celle-ci même si des voix s'élèvent,
telle celle du rappeur français d'Assassin, Roquin Squatt,
expliquant dans son morceau " Esclave 2000 " que "
le salaire cumulé des 6 500 employés de Nike en
Thailande équivaut à ce que gagnent les 13 membres
du directoire de la firme "
Au delà d'une exploitation
inhérente à un système capitaliste, c'est
d'une
éthique qu'il devient question lorsque nous sont rapportés
des faits comme
ceux du 8 mars 1997 - Journée internationale de la femme
- où 56 femmes
employées par un entrepreneur de Nike au Vietnam ont été
forcées de faire le tour de l'usine en courant, sous un
soleil de plomb, jusqu'à ce qu'une douzaine d'entre elles
s'évanouissent. Elles subissaient ainsi une punition pour
n'avoir pas porté des chaussures réglementaires
à l'usine. Le salaire des travailleuses et travailleurs
de Nike au Vietnam est de 1,60 $ par jour. Ici,le débat
semble alors se déplacer sur le terrain de la dignité
conférée à l'être humain.. Répugnant
? Dixit Phil Knight, Pdg de Nike, quand on lui a parlé
des conditions d'exploitation dans les ateliers de misère
de sa firme : "De nos jours, cette question ne devrait même
pas faire partie du dossier politique. Ce n'est qu'un écho
de la mondialisation." . Effet de la mondialisation et de
l'industrialisation autre que l' esclavage moderne : La pollution.
C'est ainsi que Nike a donc refusé de participer à
toute campagne de recyclage tout comme le fit déjà
un autre géant de l'industrie sportive US : Converse.
Toutefois, ces pratiques semblent
bien résulter avant tout d'un état d'esprit puisque
la petite histoire raconte que Phil Knight créa sa société
en 1962 en important 1300 paires de tennis du Japon. Dès
sa création, la stratégie adoptée par Nike
a été de vendre au prix fort des produits fabriqués
dans les pays à faible coût de main-d'uvre
et en étant constamment à l'affût de nouveaux
lieux de production plus profitables. En 1980, Nike quitte la
Grande-Bretagne pour tout miser sur la Corée du Sud et
Taiwan. Au début des années 1990, le fabricant lorgne
vers la Chine et l'Indonésie où la main-d'uvre
est huit fois moins chère qu'en Corée. La délocalisation
sauvage, procédé courant de la part des grands patrons
de l'économie mondialiste, permettant de courir après
de l'esclave à exploiter et laissant des travailleurs sur
le carreau, le cas de Nike à ce sujet étant d'ailleurs
traité dans " The Big One " de Michael Moore...
En arguant que " Nike n'est
pas un fabricant de chaussures. Nous sommes des commerciaux et
des stylistes. En fonction du coût de la main-d'uvre,
nous aidons nos partenaires à s'adapter dans le pays le
plus intéressant ", Phil Knight décide donc
de s'abriter derrière des excuses chiffrées or,
là où le bas blesse, c'est que ne serait-ce que
3 % du budget marketing de Nike suffiraient à doubler le
salaire des 400 000 ouvriers asiatiques, un nouveau salaire qui
lui même saurait loin d'être synonyme d'opulence pour
les travailleurs en question soit dit en passant..
Ainsi, aux États-Unis, ces
dernières années, des militants tentent de faire
prendre conscience aux consommateurs de ce qui se cache derrière
les produits des grandes marques qu'ils achètent, sans
en connaître les conditions de fabrication. Ce travail d'information
vise la dénonciation des " sweatshops ", ces
" ateliers de la sueur ", dans lesquels la main-d'uvre
des pays en voie de développement, y compris des enfants,
est exploitée pour une bouchée de pain. Derrière
les étiquettes des grandes marques, il y a souvent peu
de morale. L'exemple de Nike est donc pertinent mais se doit d'être
rapproché de ceux de Reebok ou Adidas, qui eux aussi dépensent
deux fois plus d'argent à la promotion de leur image qu'au
salaire de leurs ouvriers (au nombre de 650 000 dans le cas de
Nike).
Les Nike, Adidas et autres sont certes
les produits les plus en vogue auprès d'un jeune public
- le succès de ces firmes étant essentiellement
axé sur une tranche d'age des moins de 25 ans où
les trois grandes multinationales rencontrent un succès
écrasant- mais tend à s'élargir à
un " nouveau marché " via d'habiles campagnes
de communication auprès des autres consommateurs, un double
axe se trouvant donc suivi avec une conquête des plus de
25 ans accompagnée d'une fidélisation des plus jeunes.
Les abus de la firme étant minimisés -ou plutôt
passés sous silence- et des campagnes de com tentant de
racheter une image à la firme qui reste dépendante
de la confiance lui étant prêtée sur les marchés
boursiers où comme Gap, elle fut un temps -légèrement-
pénalisée par la dénonciation de ses pratiques.
En
attendant, la meilleure solution, arme la plus redoutable entre
toutes, reste entre nos mains de consommateurs via la pratique
du boycott.. Toucher au portefeuille les grandes industries restant
le meilleur moyen de les pénaliser...
Ami consommateur -ce que nous
sommes tous du point de vue de ces messieurs, ne l'oublie pas...-
le pouvoir est donc dans ton porte monnaie et l'usage que tu en
feras, peu important que tu fasses du sport ou pas (dans le cas
de notre exemple...)